Pour bien peindre, dessiner et retranscrire la complexité du corps humain, il est précieux pour un artiste d’avoir bien étudié l’anatomie avant de se lancer dans une carrière de peintre à part entière.C’est le cas de Jean-Pierre Ceytaire, oeil élégant, acéré et physique de play-boy qui raconte à Claire-Lise Marso son amour des courbes et des textures. Un travail pictural énigmatique, sensuel et intriguant à découvrir d’urgence.
Bonjour Jean-Pierre,
1. Pourquoi avoir abandonné une carrière de kinésithérapeute pour embrasser celle d’un peintre ?
J’ai exercé pendant 17 ans. Mon premier cabinet était dans le midi ensuite à la montagne. Les dernières années, je me suis fixé à Carrières sur Seine dans la maison que j’occupe toujours aujourd’hui. Selon l’intensité de mon activité, je consacrais le temps disponible à ma peinture. J’ai rencontré mon premier marchand qui a crû en moi pour organiser une exposition.Les expositions ensuite se sont succédées et je ne pouvais plus continuer avec autant d’engagement deux activités si prenantes. J’ai choisi d’être peintre à part entière car une fois que j’ai été pris, je le suis devenu entièrement. Le jour, c’était le travail.La nuit, c’était « comment ça va marcher demain ? ».
Pour cette raison, je me devais d’être entier dans ma nouvelle voie: celle de l’artiste…
2. Selon vous, est-ce qu’avoir exercé ce métier vous aide à créer certaines de vos peintures ?
Les études et l’exercice de mon métier de kinési ont largement compensé le fait que je n’aie pas fait d’études artistiques. J’ai une mémoire surtout visuelle et je dessinais pour retenir l’anatomie; matière très importante pour l’examen.
Et puis surtout, j’ai massé des kilomètres carrés de peau, ce qui a été un excellent apprentissage.
3. Comment expliquez-vous que la sensualité déborde de toutes vos toiles quel qu’en soit le thème ?
Parce que je suis sensuel tout simplement !!!
Je préfère les courbes aux lignes droites. Ce qui est courbe d’un côté sera compensé par une courbe opposée comme la scoliose!!! Prélude aux mouvements de la danse des corps.
4. Qu’est-ce qui vous pousse à recouvrir différents types de supports ?
Le plaisir de la découverte et selon le sujet, la toile avec peu de grains pour de fins glacis, le bois que j’enduis et que je ponce. J’aime les petits accidents au lissage, cela anime autrement mon travail. Le carton que je découpe également, la gravure et toute sa cuisine, les vitraux, la sculpture, etc. J’ai même peint sur des protège-slips !!!
5. Vous peignez selon votre inspiration ou sur commande ?
Selon l’inspiration. Je suis un thème et je travaille sur le sujet jusqu’à ce que l’impression de « redit » me fasse changer de cap. J’aime bien aussi les commandes car cela me sort de mes sujets de prédilection.
6. Vos vitraux ou vos tableaux sacrés pourraient-ils décorer une église sans que vous soyez frappé d’anathème ?
J’en serai ravi. Je respecterais évidemment ce qui me serait demandé avec peut être une petite grimace !!! Mais subtile bien sûr. Je peux très bien traiter à la fois des sujets très érotiques ou des sujets religieux.
7. Où trouvez-vous votre inspiration ?
Dans ma vie à la recherche de la beauté.
8. Quels peintres admirez-vous ?
Cranach, Lippi, Memling, Lautrec, Degas. Enfin tous ces grands maîtres exerçant avec génie le métier. Plus près de nous Balthus, Bacon, Schiele. Tous ont un très beau dessin.
9. Vous exposez actuellement aux Pays-Bas. A quand une exposition en France ?
Pas pour le moment mais bientôt.
10. Pourquoi vos œuvres à vendre sur Internet sont-elles moins chères ?
C’est un peu l’usage. Vendre par le biais d’Internet, c’est vendre un peu comme à l’atelier. Par conséquent, c’est consentir toujours une petite faveur.
11. Quel est le summum de l’érotisme pour vous ?
C’est un peu comme lorsque l’on monte l’escalier à la suite de la femme qui vous devance, le désir à venir à saisir. Ou celui que vous avez sous le nez, brûlant qui vous est refusé.
12. Cher artiste, je vous laisse le mot de la fin…
Actuellement je suis dans le plâtre !!! Pas de jambe cassée mais dans les moules, les coulées, les bas-reliefs. Je commence une petite série de sculptures que je patine. Ça me plait bien et j’ai une bonne envie le matin de me lever pour aller dans l’atelier.
Les journées sont remplies et l’artiste est heureux quand il travaille.