Atelier à Carrières-sur-Seine
Atelier à St-Jean d’Angély
Site développé par Michel Navarre – Mentions Légales
La reproduction partielle ou totale, de textes ou de photographies, est totalement interdite sans autorisations préalables de l’artiste – CEYTAIRE 2024©
Regardez bien. Ce ne sont pas des êtres venus d’ailleurs ou quelques extra-terrestres extravagants.
Non, ce sont des êtres venus de nous-mêmes. Des obsédés de nos profondeurs, des déchirés de nos âmes et de nos entrailles. Jean-Pierre Ceytaire plonge ses pinceaux dans les abîmes de l’inconscient, nous renvoyant ainsi cette inquiétante image de nous-mêmes.
Ceytaire plonge ses pinceaux au cœur de son inconscient et y pêche des images purifiées qui ont la couleur délavée du rêve. Des femmes, des chiens, des couples étirés par leur torpeur. On se regarde dans les toiles de Ceytaire. On ne s’y aime pas toujours. On s’y déteste parfois. Cette lumière si douce est sans doute trop crue. Ceytaire met mal à l’aise. Et c’est pour cela qu’on s’y sent bien.
Tout à la fois charmeuse et narcissique, inquiète et tournée vers la difficulté d’être, la peinture de Ceytaire illustre bien l’état d’esprit d’une époque, celle des années 1980. Ceytaire a su composer une figuration personnelle, l’imagerie mondaine de la moyenne bourgeoisie décrite avec un humour narquois.
À partir d’une excellente technique picturale, il déforme à plaisir êtres et choses diverses, non dans une intention caricaturale, mais plutôt en fonction d’un humour, frôlant volontiers l’érotisme façon Klossowski, auquel il fait penser aussi quant à la qualité du dessin, et parfois le surréalisme.
Jean-Pierre CEYTAIRE, dont le classicisme apparent n’est que tourments, tout comme sa luxure obsédante fait froid dans le dos! Vêtus ou nus, ses corps de déplacent en situations ambigües où formes plantureuses, appâts indiscrets et sexualité omniprésente composent de multiples récits audacieux ou cruels qu’accentue une matière recherchée, précieuse et symbolique par rapport au formel de la construction. Magicien diabolique, Jean-Pierre CEYTAIRE campe ses personnages sans beauté essentielle, menant l’observateur vers la vertigineuse expression d’oeuvres dénuées de toute convention malgré la perfection d’une réalité déliée et obsédante, presqu’exaspérante. Muses, reines, bonnes composent une source infinie d’inspiration objective où désir et luxure se faufilent au gré d’une imagination complexe de l’artiste et d’un talent peu ordinaire qui a réussi magistralement la représentation de l’équivoque et des fantasmes sous une peinture, un dessin ou une gravure superbement élaborés de main de maître par une âme faite d’émotions.
Libération Blog des 400 culs le 8 avril 2009
Quelques extraits…édulcorés !!!
Jeudi 9 avril, à partir de 18 heures, le Musée de l’érotisme à Paris inaugure le vernissage d’une expo depuis longtemps attendue, désirée, espérée: celle de Jean-Pierre Ceytaire, peintre connu pour son appétit des femmes. Il leur fait des visages à la Modigliani et des corps de poupée
À déguster…
Jean Pierre Ceytaire est né en mai 1946 à Paris. Père prothésiste dentaire. Mère employée des postes. Il passe toute son enfance sur la butte Montmartre. Après un parcours difficile au Lycée Condorcet (renvoyé), il continue des études toujours aussi difficiles (dysorthographie, dyslexie, mémoire fantaisiste et sélective). Trois ans perdus pour ne pas avoir le bac. Il obtient son diplôme de kinésithérapeute et exerce passionnément son métier pendant 15 ans, sur le corps d’innombrables femmes qu’il malaxe comme des pâtes à gâteau. L’année de ses 40 ans, il organise une grande fête (Gangsters et petites putes). Il plaque tout. Il devient peintre. Il peint des madonnes charnelles…Son premier amour avait les yeux noisettes. Il ne l’a jamais oubliée. Il avait 6 ans. Sa première main dans la culotte, c’était pendant la séance de cinéma dans la classe à la maternelle chez «laflaisselle», rue labat. «Je n’ai jamais oublié son odeur de lait.» Il n’oublie jamais. Sur ses toiles, toutes les femmes qu’il a croisé se superposent pour ne former qu’une unique et sensuelle icône, virginale, dangereuse, soumise, dominante, amoureuse, pure et pute…
Pour bien peindre, dessiner et retranscrire la complexité du corps humain, il est précieux pour un artiste d’avoir bien étudié l’anatomie avant de se lancer dans une carrière de peintre à part entière.C’est le cas de Jean-Pierre Ceytaire, oeil élégant, acéré et physique de play-boy qui raconte à Claire-Lise Marso son amour des courbes et des textures. Un travail pictural énigmatique, sensuel et intriguant à découvrir d’urgence.
Bonjour Jean-Pierre,
1. Pourquoi avoir abandonné une carrière de kinésithérapeute pour embrasser celle d’un peintre ?
J’ai exercé pendant 17 ans. Mon premier cabinet était dans le midi ensuite à la montagne. Les dernières années, je me suis fixé à Carrières sur Seine dans la maison que j’occupe toujours aujourd’hui. Selon l’intensité de mon activité, je consacrais le temps disponible à ma peinture. J’ai rencontré mon premier marchand qui a crû en moi pour organiser une exposition.Les expositions ensuite se sont succédées et je ne pouvais plus continuer avec autant d’engagement deux activités si prenantes. J’ai choisi d’être peintre à part entière car une fois que j’ai été pris, je le suis devenu entièrement. Le jour, c’était le travail.La nuit, c’était « comment ça va marcher demain ? ».
Pour cette raison, je me devais d’être entier dans ma nouvelle voie: celle de l’artiste…
2. Selon vous, est-ce qu’avoir exercé ce métier vous aide à créer certaines de vos peintures ?
Les études et l’exercice de mon métier de kinési ont largement compensé le fait que je n’aie pas fait d’études artistiques. J’ai une mémoire surtout visuelle et je dessinais pour retenir l’anatomie; matière très importante pour l’examen.
Et puis surtout, j’ai massé des kilomètres carrés de peau, ce qui a été un excellent apprentissage.
3. Comment expliquez-vous que la sensualité déborde de toutes vos toiles quel qu’en soit le thème ?
Parce que je suis sensuel tout simplement !!!
Je préfère les courbes aux lignes droites. Ce qui est courbe d’un côté sera compensé par une courbe opposée comme la scoliose!!! Prélude aux mouvements de la danse des corps.
4. Qu’est-ce qui vous pousse à recouvrir différents types de supports ?
Le plaisir de la découverte et selon le sujet, la toile avec peu de grains pour de fins glacis, le bois que j’enduis et que je ponce. J’aime les petits accidents au lissage, cela anime autrement mon travail. Le carton que je découpe également, la gravure et toute sa cuisine, les vitraux, la sculpture, etc. J’ai même peint sur des protège-slips !!!
5. Vous peignez selon votre inspiration ou sur commande ?
Selon l’inspiration. Je suis un thème et je travaille sur le sujet jusqu’à ce que l’impression de « redit » me fasse changer de cap. J’aime bien aussi les commandes car cela me sort de mes sujets de prédilection.
6. Vos vitraux ou vos tableaux sacrés pourraient-ils décorer une église sans que vous soyez frappé d’anathème ?
J’en serai ravi. Je respecterais évidemment ce qui me serait demandé avec peut être une petite grimace !!! Mais subtile bien sûr. Je peux très bien traiter à la fois des sujets très érotiques ou des sujets religieux.
7. Où trouvez-vous votre inspiration ?
Dans ma vie à la recherche de la beauté.
8. Quels peintres admirez-vous ?
Cranach, Lippi, Memling, Lautrec, Degas. Enfin tous ces grands maîtres exerçant avec génie le métier. Plus près de nous Balthus, Bacon, Schiele. Tous ont un très beau dessin.
9. Vous exposez actuellement aux Pays-Bas. A quand une exposition en France ?
Pas pour le moment mais bientôt.
10. Pourquoi vos œuvres à vendre sur Internet sont-elles moins chères ?
C’est un peu l’usage. Vendre par le biais d’Internet, c’est vendre un peu comme à l’atelier. Par conséquent, c’est consentir toujours une petite faveur.
11. Quel est le summum de l’érotisme pour vous ?
C’est un peu comme lorsque l’on monte l’escalier à la suite de la femme qui vous devance, le désir à venir à saisir. Ou celui que vous avez sous le nez, brûlant qui vous est refusé.
12. Cher artiste, je vous laisse le mot de la fin…
Actuellement je suis dans le plâtre !!! Pas de jambe cassée mais dans les moules, les coulées, les bas-reliefs. Je commence une petite série de sculptures que je patine. Ça me plait bien et j’ai une bonne envie le matin de me lever pour aller dans l’atelier.
Les journées sont remplies et l’artiste est heureux quand il travaille.
“JUSTINE OU LES INFORTUNES DE LA VERTU” (¹)
“Justine”, ainsi pourrait-on nommer la femme qui, toujours a hanté Jean-Pierre Ceytaire, -qu’il présente depuis des années, dans une œuvre déjà importante-, et qu’il semble avoir “empruntée” à la littérature (érotique et pornographique, surtout) des cinq derniers siècles !
C’est que, dans la vie, Jean-Pierre Ceytaire s’est définitivement donné une image de Don Juan. Et cet artiste autodidacte qui, dans son œuvre, témoigne d’une puissance et d’une maturité remarquables, semble dans ses relations courantes, singulièrement immature ! Mais “l’immaturité n’est pas toujours innée ou imposée par les autres. Il existe aussi une immaturité vers laquelle nous fait basculer la culture lorsqu’elle nous submerge, lorsque nous ne réussissons pas à nous hisser à sa hauteur. Nous sommes infantilisés par toute forme “supérieure ». L’homme, tourmenté par son masque, se fabriquera à son propre usage et en cachette, une sorte de sous-culture : un monde construit avec les déchets du monde supérieur de la culture, domaine de la camelote, des mythes impubères, des passions inavouées… domaine secondaire, de compensation. C’est là que naît une certaine poésie honteuse, une certaine beauté compromettante. Ne sommes-nous pas tout proches de la Pornographie ?”(²)
Nous voilà en tout cas, au coeur de l’oeuvre de Jean-Pierre Ceytaire. A-t-il, à un moment donné, eu conscience de se laisser entraîner par des courants dangereux ? A-t-il eu besoin d’exorciser ses fantasmes ? Est-ce alors qu’il a commencé à peindre, à donner à son entourage la preuve qu’il pouvait aller au-delà des mots, transformer sa gouaille en talent ?
Depuis lors, toile après toile et sans ambiguïté, il nous invite à vérifier que “rien n’est faux ni truqué : Prenez l’objet en main, les cuisses ne sont pas rembourrées ; le ventre est garanti, mesdames… Vous voulez tâter les nichons, mademoiselle ? Tâtez, ça ne coûte rien… C’est la vraie, l’inimitable” (³) créature de Jean-Pierre Ceytaire !
Car c’est bien la même femme qu’à chaque œuvre nouvelle, il propose. Une femme dont “les seins moulés par les Grâces se dressent ronds comme des boulets de canon. Son corps est souple, gras, élancé. Il y a une belle disproportion entre la grosseur de son cul et la minceur de sa taille” (4), et “les longues jambes gainées de nylon montent en perspective jusqu’aux cuisses blanches” (5).
“Sa tête est de ces visages qui nous brisent le cœur… Elle est belle et elle a l’air malheureux, mais c’est d’une beauté et d’un malheur tels qu’on se dit : “C’est impossible ! Ce n’est pas la vie !” (6) et “le modelé fuyant des joues, l’indéfinissable dessin de la bouche, donnent à cette muette effigie des mobilités qui font peur” (7). Dans ce visage, “des yeux où l’amour paraît établir son empire… mais à travers tout cela, une sorte d’inspiration romantique qui, si la nature lui a prodigué tout ce qui peut la faire adorer, elle a en même temps mêlé parmi ses dons, tout ce qui doit la préparer à l’infortune” (8). En attente, silencieuse, car “toutes les scènes de fouterie commencent par un moment de calme ; il semble que l’on veuille savourer la volupté tout entière et qu’on craigne de la laisser échapper en parlant” (9).
Malgré son air éploré, la femme est prête pour l’amour. L’apparence du libertinage joue contre elle. Chaque femme pense : “Je suis embarrassée pour la juger. La facilité avec laquelle elle use de son corps me choque ; mais faut-il… blâmer sa désinvolture ou mon puritanisme ?” (10)
Mais pourquoi, dans ces conditions, paraît-elle si malheureuse ? C’est qu’au début, “elle l’a trouvé gentil, et c’est uniquement pour cela qu’elle s’est donnée, liée pour la vie, qu’elle a renoncé à toute autre espérance, à tous les projets entrevus, à tout l’inconnu de demain” (11).
Erreur fatale, car pour Ceytaire, “le fantasme masochiste est toujours présent, mais il se pare d’un masque rassurant… (La peinture) devient badine et légère” (12), mais “l’amour, c’est la guerre des sexes” (13). En conséquence, aucune complicité n’est envisageable dans les scènes qu’il dessine : “Le psychiatre hoche la tête : votre vie sexuelle est-elle satisfaisante ? Avez-vous des rapports agréables avec votre femme ? A quoi l’homme répond : Ce qui me botte, c’est de démolir les filles trop sûres d’elles en leur démontrant qu’elles ne sont finalement que des bêtes. Une fille n’est jamais belle, quand on l’a démolie” (14).
Par voie de conséquence, dans chaque nouveau tableau, “la modestie, la candeur de cette pauvre femme humiliée par les atroces procédés du libertin qui s’en amuse, lui composent un spectacle délicieux” (15).
Car cet ange de douceur, aux prises avec des fornications dignes d’un Sade, Laclos ou Brantôme, ne peut que lui opposer son visage vertueux, résigné. Elle essaie de convaincre la femme du tableau suivant, de l’exhorter à “prendre courage. J’ai pleuré comme toi, les premiers jours, dit-elle, et maintenant l’habitude est prise. Tu t’y feras comme moi…” (15)
Et l’émancipation de la femme, direz-vous ? l’intelligence ? le cerveau ? Ils devraient bien lui permettre de réagir ? En légende d’une de ses gravures. Alfred Courmes, montrant Jésus en train de laver tes pieds des pauvres, lui fait dire devant un cul-de-jatte : “Encore faudrait-il qu’il en ait !” Ceytaire pense de même à propos du cerveau de la Femme ! Ce macho dont le leitmotiv semble être “Sois belle et tais-toi » n ‘est pas près de lui en accorder un : un jour, las sans doute de caresser la toile plate, il a mis la femme en relief : il est passé à la sculpture. Le ton s’est “durci », le corset s’est fait bronze -, et la pauvre qui jusque-là bénéficiait au moins de la complicité des titres : ‘‘Ne réveillez pas la femme endormie”, “Madame et son valet ”… s’appelle désormais ”Femme sans cervelle”, “L’écervelée”…
“Qu’ajouterai-je à ce roman d’amour et de sang ?” Que, récemment, revenu à la peinture, Jean-Pierre Ceytaire, l’assimilant à Eve, a rendu la femme coupable du Paradis perdu, de la déchéance d’“Adam (qui) compte sur ses doigts, les côtes qui lui restent”. (16)
Bien fait pour lui ! Car le plus grave est que ce pervers (le peintre bien sûr !) a un talent fou, un humour grinçant qui forcent le respect et l’admiration, la sympathie -agacée, certes-. Comment, dès lors ne pas lui pardonner de mettre sur la toile, le Méchant qui fait souffrir la pauvre jeune fille -, celui dont les “cils serrés prêtent à son regard cette éloquence passionnée qui trouble dans les salons la belle dame hautaine, et fait se retourner la fille en bonnet…” (17) ? Ce qui fait que, même peint, son Don Juan a l’air de dire à tout jupon passant à sa portée : “Si je vous tenais dans un lit, vingt fois de suite, je vous prouverais ma passion. Que les onze mille vierges ou même les onze mille verges me châtient si je mens !” (18)
**********
Tous les textes sont cités rigoureusement. La seule adaptation a consisté à mettre les verbes au présent. Les parties en italique et écriture fine sont de l’auteure. Les parties en écriture droite et grasse sont des citations.
1997
______________________________________
J’ai passé toute mon enfance dans le 18ème aux pieds de la butte Montmartre, ma scolarité laborieuse et mes études secondaires se sont mal terminées :
Renvoyé en 3ème du Lycée Condorcet, puis, boîtes à Bac, pour ne le pas l’avoir eu, après 3 essais infructueux .
J’ai pu malgré tout passer mon diplôme de kinésithérapeute (un examen suffisait), métier que j’ai exercé pendant 15 ans, plusieurs cabinets dans le sud (Anduze Nimes), en montagne (Superdevoluy, Corps) puis Bougival, Carrières-sur-Seine. L’année de mes 40 ans, j’ai décidé de vivre ma vie d’artiste… les années ont passé.
Actuellement, j’ai gardé une partie de ma maison, de Carrières-sur-Seine (N°76 vendu) pour m’installer aussi à Saint-Jean d’Angely.
Je me partagerai entre les 2.
______________________________________
Neiges épaisses, lune esseulée
Pas dans les pas, je suis guidée
Emmitouflée, habits d’hiver
J’allais crissant jusqu’au vestiaire .
J’y échangeais, toque et manteau
contre escarpins, et robe fourreau
frôlement d’étoffes me réjouissaient,
en sillonnant vers le buffet .
J’encourageais tous les bons mots
et le champagne vint à propos
« Oui, pour trinquer » … trop convenu
Ou « juste un doigt » … très ambigu
Bulles joyeuses, pétillent et dansent
Serais je la cible des 5 sens ?
Outrecuidance, caresses hardies
Je suis partie … Tous furent surpris
Gabrielle Ceytaire… s’est envolée… le 9 avril 2011 à quelques mois près, elle aurait fêté ses 100 ans.
Née dans une petite ville de la Creuse bien connue de nombreuses générations de troufions, elle était également (comme beaucoup d’enfants de son âge, y compris son futur époux) pupille de la nation.
Élevée par sa tante et le tonton Ferdinand qui tous deux exploitaient « l’hôtel Parisien » de La Courtine, elle a connu petite ; l’ambiance “comique troupier” de la salle du café et le passage des voyageurs… elle gardait de cette enfance le souvenir d’une grande liberté, elle était très fière de cette ville de garnison dont elle vantait la modernité.
Employée des postes… plus tard dans cette même région… derrière le guichet elle expédiait les colis que mon père prothésiste dentaire lui confiait…
Cette époque fut aussi celle de la venue en grand nombre de provinciaux quittant les campagnes pour travailler dans la ville qui brille.
Ils firent de même.
Nous habitions au 69 de la rue du Mont Cenis
Je naquis de leur union.
Que de bons souvenirs… de la butte, du sacré cœur, du catéchisme buissonnier, d’Olga ma patiente gardienne russe, des descentes sur des chars bruyants aux roulements à billes, des baisers dans les coins sombres de la rue “darvin” et… de ma mère omniprésente attendrie et toujours complice qui lorsqu’on lui faisait des reproches sur ma conduite… disait : ah, je sais… je l’ai mal élevé !
J’ai quitté le 18° pour la province et suis revenu ensuite tout près… la proche banlieue jamais une journée sans que nous nous téléphonions au moins 2 fois par jour, ma maman était de tous mes vernissages, et s’enorgueillissait de ma réussite… je la guidais pour apaiser le chagrin qu’elle eut après le décès de mon père et l’encourageais à faire de la peinture. Elle s’y employait sur des disques, des aquarelles, des objets en verre.
À 88 ans elle s’installa au N° 2 de la rue Francoeur.
Et jusqu’à son dernier souffle, elle fut à mes côtés
Faisant partie de nombreuses associations
Elle restera dans la mémoire de nombreux Montmartroise et Montmartrois, qui appréciaient chez elle, sa fantaisie, sa gentillesse, et son espièglerie
J’ai eu une sacrée chance d’avoir une telle maman.
Pour commencer et vous faire sourire
Des femmes ? Seraient-elles plusieurs dans le couple ?
Une femme , prétextant la migraine échappatoire serait par magie rangée dans le placard et remplacée par une autre, désireuse, avenante, alanguie, offerte,
Ou, une furie en colère qui casse les assiettes, transformée en une douce soumise, recollant les morceaux en s’excusant et offrant ses fesses charnues, pour un doux châtiment,
Ou une, que le temps aura défraîchie, rafraîchie par miracle, par une à la peau fine avec de douces rondeurs fermes et tremblantes appelant les caresses.
Enfin celle des jours gris sur gris, qui ne vous inspire aucune envie , substituée par celle qui fût la vôtre lors des premiers instants lorsque vous la suiviez dans l’escalier en ayant bien arrangé son passage prioritaire avec galanterie.
Il va sans dire que plusieurs hommes également par réciprocité seraient souhaités dans le couple afin de pallier à leurs faiblesses et animer vos rêves secrets.
8 Mars 2012
Elle était du genre rustique, petite et grassouillette, avec ce je ne sais quoi qui m’avait bien plu… ses jours de congés, elle venait sans bagage me voir dans ma grande maison. Je m’y habituais en m’organisant pour ses visites, et nous passions d’agréables moments, je la gâtais en la régalant et on baisait…
Je fus surpris de la voir alors arriver, pour la première fois, avec tout un bazar destiné à son chat, le classique panier et une autre boîte pour les cabinets… tout s’organisait parfaitement quand sous le lit elle trouva un protège-slip… le ton changea immédiatement.
Qu’est-ce que c’est que ça ?
Et bien quoi ?…
C’est à moi, avec un sourire qui la mit en fureur je n’ai depuis pas oublié son départ immédiat dans ma rue, d’un pas rageur s’éloigner en bringuebalant d’un côté le pauvre chat et de l’autre le palais de la crotte.
Conférence École Normale – Association A.P.R.É.S.
Lorsque le sujet m’a été proposé j’ai d’abord pensé que cela serait tout à fait dans mes cordes, ça s’est un peu compliqué en sachant que le regard se devait d’être insolite, je ne pense, pas prétendre vous apprendre grand-chose de nouveau.
Notre époque ne connaissant plus ou presque de tabous, et les moyens actuels accessibles à tous tels que les sites adultes ne cachent plus rien. Images et vidéos les plus explicites montrent tout jusqu’aux pires perversions.
Ce qui déjà est insolite, c’est qu’un peintre soit invité par des sexologues.
Je vous rassure en vous disant que je ne suis pas un spécialiste du bouquet de fleurs, mais plutôt un spécialiste de ce qui nous intéresse.
J’ai pendant des années travaillé sur le sujet et c’est bien la principale source d’inspiration qui encore maintenant guide mon œuvre.
À la fois acteur en me mettant en scène dans mes rapports amoureux, j’en suis aussi le spectateur en ayant le regard de mon propre marionnettiste, attendri par les turbulences du désir.
Je peins des hommes souvent ridicules abandonnés à leurs pulsions comme s’ils en étaient des victimes inconscientes face à des madones sublimes inaccessibles esquissant un léger sourire de compassion.
Je ne peins pas l’acte, mais plutôt ce qui se passe avant dans l’escalier.
Donc c’est humblement avec les bons souvenirs laissés par les femmes qui ont jalonné ma vie et avec les yeux du peintre que je tenterai l’aventure.
Vous êtes des spécialistes, consultés le plus souvent par vos clients en panne qui espèrent en vous le bon rétablissement de la mécanique du plaisir. Or vous n’êtes pas que des garagistes, vous êtes aussi de fins psychologues sachant bien que la sexualité n’est pas qu’une affaire de sexes, mais qu’il faut y rattacher le vaste monde de l’affectivité.
Vous êtes également des scientifiques, régulièrement informés des progrès rapides des connaissances, mais aussi comme moi et comme tout un chacun humblement des hommes mis en face de l’immense complexité de la vie.
L’énergie sexuelle guidée par l’éros aveuglé par son bandeau est polymorphe, impliquant on non l’amour, elle est sans foi ni loi afin que nous nous reproduisions. C’est cette énergie universelle, animatrice du vivant contrariée par celle, mortelle, qui nous renvoie à notre fatal destin, qui est a l’origine de l’humanité.
Que ferais-je si j’avais à peindre cette pulsion, cette énergie ?
D’abord, je tournerais en rond, c’est le rituel de la mise en route.
Je chercherais n’importe quel prétexte pour m’échapper de ce malaise.
Il faudrait un grand format tant le sujet est important ?????????
Assis devant la toile blanche avec suffisamment de recul j’attendrais que ça vienne
On est pas loin du sujet !!!!
Pour commencer, il faudrait tenter de ranger et de mettre de l’ordre parmi les idées, les images et les intuitions, puis on ne sait comment, du chaos émergera la bonne énergie allégée des scories qui empruntera la bonne porte pour circuler dans le bon canal et mettre en route tout ce qu’il faut pour le bon déroulement de la création.
L’énergie de la sexualité procéderait peut-être de la même façon.
Après être passée par plusieurs filtres, elle pousserait la bonne porte pour circuler dans le canal qui conduit au voyage des sens aiguisés.
Le désir de peindre et le désir sexuel sont assez proches, comme le soulignait Picasso reconnaissant peindre avec sa queue.
À noter qu’il est difficile sinon impossible de remonter de la signature aux premiers traits
Tout est vu d’un coup.
Donc avant de tout voir d’un coup je vous invite à suivre avec moi le chemin qui commence avec l’esquisse.
Tout artiste est confronté à la difficulté de la représentation.
Comment transmettre des perceptions aussi subtiles ?
Ç’a été la tentative des abstraits
Mais je pense que comme la poésie dans un autre genre se trouve être entre les mots pour la peinture qui n’est pas de la littérature, c’est un ensemble codé compréhensible par l’autre, assemblant des symboles imagés entre lesquels reste présente sans être diluée l’inspiration créatrice.
Je choisirai le mythe de la genèse connue par tous en l’interprétant différemment pour la circonstance.
Honneur aux dames… je sélectionnerai parmi les brosses, celles ayant les poils les plus souples, de la martre par exemple afin que chaque coup de pinceau se révèle être une caresse, pour peindre son corps à la peau laiteuse et si douce, avec ses courbes généreuses, Nue de face déhanchée, mais bien ancrée au sol, ses seins seront mis en valeur par le retrait des épaules.
Avec son ventre délicat surplombant le délicieux endroit bombé, imberbe et rose, je cacherai tout ça pour la bienséance par une feuille qui comme par hasard se trouverait interposée.
J’aurai une attention particulière aux titillements des bouts-de-sein en les faisant poindre.
Je peindrai son abondante chevelure dorée et bouclée en n’oubliant pas la mèche délicate tombant sur son œil.
Je lui donnerai un petit air bête comme j’aime.
Satisfait, également un brin agaçant évoquant une grande tranquillité au regard de l’effet produit.
Une bouche charnue, entrouverte laissant apercevoir de belles dents blanches bien rangées.
Ses paupières mi-closes lui donneront cet air distant, mais attentif quasi religieux des madones ou celui innocent des oies blanches, les pupilles indiqueront la direction du regard porté vers le centre.
Une des paumes de mains sera tournée vers l’avant, comme offerte
Le tout sera gracieux ondulant sinusoïdal comme dans le statuaire des temples Indous.
Ne manquera que l’enivrant parfum des aisselles où quelques poils visibles l’évoqueront.
Pour finir, je lui donnerai une petite pincée virile pour la rendre aguicheuse et mutine.
Et justifier en exagérant un possible renversement des rôles.
Maintenant, passons à l’homme
Je serai bien moins exigeant avec la sélection des brosses afin de peindre son corps musclé ses épaules carrées, son bassin étroit et son attitude également déhanchée, mais un peu moins souple comme un peu raide. embarrassé, prêt au combat agité comme inquiet a l’idée de devoir faire le premier pas avec tous ses dangers, mais déjà attentif également.
Sans désir apparent le sexe est pendant, demi gaule plus exactement, mais de toute façon caché par une autre feuille à la con.
La paume des mains sera tournée vers l’arrière suggérant ainsi la présence de la pulsion qui le poussera à l’action.
Conscient du trouble qui risquerait d’être découvert il affichera un visage avenant, rassurant
Contenu, mais aussi déterminé.
Des cheveux bouclés bien ordonnés, une bouche fermée et une petite pincée de féminins trahie par des yeux qui réclament.
Qui est à droite et qui est à gauche ?
Les peintres se projettent en peignant à droite ce qui en eut, est situé à droite.
Le coté droit étant celui de l’action je placerai donc le masculin ainsi.
Entre eux rien, ou pas encore.
Juste un vide à combler
De nombreuses fois je me suis trouvé au côté d’une femme dans cette situation.
C’est celle qui reste la plus chargée d’émotions
Celle du coup de foudre celle ou l’énergie pure du désir se manifeste.
Celle qui reste inoubliable et qui ensuite se raconte entre amants.
J’avais travaillé sur cet instant
Celui du premier contact par verre interposé dans la série « apéro cacahuètes »
C’est la première fois, la plus intense engendrée par le pur hasard
L’embarras des premiers mots à dire et le sourire qui s’en suit à la première réponse.
C’est cet espace qui va se charger des émotions et des désirs que je représenterai par l’arbre si bien connu
Pas celui biblique de la connaissance, mais celui de la connaissance tout de même d’ailleurs en jouant sur les mots n’y a-t-il pas connaissance à cet instant ? N’y a-t-il pas naissance également ?
C’est la graine qui est plantée, c’est le début de l’histoire
Elle peut tourner court, et n’avoir aucun dénouement elle s’envolera aux vents.
Elle brûlera comme un feu de paille dans une histoire sans histoire, avec juste l’envie satisfaite.
Elle peut aussi germer cette graine, de fins filaments puiseront la sève nourricière de la terre et une jeune pousse vigoureuse d’un vert printanier se dressera vers le ciel.
Le tronc se développera autour de son centre par cercles concentriques, de puissantes racines l’ancreront solidement et ses branches se diviseront dans l’espace aérien.
C’est sur l’écorce que des cœurs transpercés d’une flèche seront gravés, des traces laissées par les branches qui se seront détachées en ne croissant pas ou en étant arrachées resteront comme les stigmates des relations sexuelles passées, et parfois les blessures laisseront couler des larmes collantes de résine.
C’est dans l’arbre que se concentreront les caresses, les mots doux, les jouissances.
L’odeur des sexes, la sueur des étreintes, le repos tendre qui s’en suit, et même la cigarette.
Si l’on ajoute une petite note de musique en reprenant la chanson » les histoires d’amour finissent mal, en général… » c’est également dans le tronc que se rangeront par couche faisant, du moins mal au plus mal, l’amertume, les ressentiments, le dégoût, la lassitude, la répulsion, les jalousies et les ruptures de contrat.
L’homme et la femme se tourneront le dos et se feront la guerre, ils viendront vous consulter.
Mais oublions la musique et le général
C’est aussi l’axe du monde avec ses différents niveaux reliés de la matière au subtil et selon l’apport de l’un et de l’autre par le sexe le cœur l’esprit et l’âme c’est aussi le possible voyage du haut vers le bas et inversement.
C’est notre arbre intime, réunissant ce qui en nous est masculin et féminin, qui entre en résonance dans nos rapports amoureux.
C’est la terrible douleur vécue dans notre propre corps lorsque l’arbre est déraciné et cette terrible douleur également ressentie si le tronc puissant venait à être coupé et la désolation totale de le voir mort après avoir été foudroyé.
Si nous prenions l’ascenseur, pour voyager à l’intérieur de l’arbre, vers le bas nous plongerions dans l’inconscient en nous densifiant dans la matière et jusqu’aux radicules nous régresserions aux origines de notre existence au cœur même de la cellule, et même avant encore par les radicelles diaphanes aurions-nous le souvenir oublié des amours ou des viols qui nous ont précédés.
Vers le haut, jusque dans ses plus fines branches, après l’apparition des premiers bourgeons nous nous enivrerons des senteurs des premières fleurs pour nous disperser jusque dans la minuscule poussière de pollen dans l’éther.
Je n’ai pas fait un tel voyage, de grands mystiques l’ont sûrement déjà fait, mais bien modestement j’ai pris cet ascenseur en sachant qu’il faut toujours aller plus haut et plus bas et que si les grands mystiques l’entreprennent seuls, il est aussi possible de s’en approcher à deux par la force de l’amour.
S’il y avait un liftier dans l’ascenseur paré des habits blancs du saint, il vous conduit au paradis
Déguisé en bouc il vous mène dans les enfers
Avec la notion de bien et de mal, nous en connaissons les conséquences comme le refoulement et sa transgression érotique.
J’ajouterai aussi le serpent phallique enroulé a la base de l’arbre, chef d’orchestre des jeux amoureux avec son corps recouvert d’écailles au regard vicelard et à la langue bifide, bon conseillé de l’un pour entraîner l’autre et inversement., et l’oiseau blanc tout la haut sur la plus haute branche messager des cieux qui annoncera là-haut, que tout va pour le mieux en bas.
Je n’oublierai pas la pomme, fusion de la matière et de l’esprit dans l’incarnation de la génération qui bloque l’ascenseur à l’étage de la maternité ; mais aussi a travers la pomme surtout d’y trouver la maturation, de la fleur au fruit, savoureuse et sucrée mangé par les deux pour une communion de l’un à l’autre lentement mâchée pour en savourez tous les sucs et les arômes comme de la même façon il est si bon de s’unir en amour.
Pour en revenir au mythe de la genèse, et à la peinture, comme je vous le confiais précédemment l’œuvre signée sera peut-être vue comme une représentation fidèle a la tradition biblique, par contre vous serez les seuls avec moi à en connaître le sens caché et tous les arcanes.
C’est cela la magie de la peinture.
Voilà juste une esquisse, peut-être que dans vos cabinets, vous encouragerez vos clients a faire le voyage dans l’ascenseur en étant vous même les liftiers pour le bon fonctionnement du matériel.
Maintenant un sincère remerciement au docteur Michelon qui m’a proposé le sujet
Ça m’a permis d’être parmi vous et surtout ça m’a fait travailler, réfléchir, trouver et peindre.
Je sais les gestes à faire au 5ème sous le verre
Presser le bouton gardien, puis celui de la lumière
Passer un petit bout de cour
Court intervalle de jour
Ballotté dans l’ascenseur
Écartant bras et jambes
Pour ne pas avoir peur
Puis 3 coups légers
Pour frapper à ta porte
Je sais les gestes à faire
Au 6ème sous le verre
Pour que le diable t’emporte
Livre Ceytaire Carcès
À la fois acteur, en me mettant en scène dans mes rapports amoureux, j’en suis aussi le spectateur, en ayant le regard de mon propre marionnettiste, attendri par les turbulences du désir.
Je peins des hommes souvent ridicules, abandonnés à leurs pulsions, comme s’ils en étaient des victimes inconscientes, face à des madones sublimes, inaccessibles, esquissant un léger sourire plein d’indulgence.
Je ne peins pas l’acte, mais plutôt ce qui se passe dans l’escalier.
Ce soir, c’est peau neuve
Plus un poil de barbe pour plus un poil de sec
Falzar et le reste aux oubliettes
Plongeon dans ‘eau salée ou presque
Beaux habits neufs, bien rangés dans le placard à balais
Foulard à pois pour la faire tomber
Assez de pognon pour payer l’addition
Pensée émue pour le voisin et sa femme au gros cul
4 mars 1993
C’était convenu à l’avance
La porte poussée, je savais
Qu’elles deux, dans la danse
Avec moi s’inonderaient
Tout dormait au mieux
Comme un ver soyeux
Je plongeais courageux
Que d’un oeil au milieu
En feignant le sommeil
Je sentais sur ma peau
La chaleur de l’éveil
Nous ne disions mots
Puis ma bouche dévora
Ses cuisses en quatre
Ne sachant où le roi
Règne sur ses cartes.
Projet d’affiche pour l’exposition « Regard attendri sur 50 ans de peinture » qui aura lieu du 18 octobre au 24 novembre 2024 à Mers-les-Bains.